Voilà presque un mois que Meta a lancé Threads. L’idée de départ était théoriquement très simple : Meta voulait profiter des difficultés de Twitter pour attirer le plus d’utilisateurs possible vers sa plateforme, un réseau social qui veut se différencier de sa concurrence. L’heure est au bilan : Threads a-t-il réussi à devenir le nouveau Twitter ?
Meta est entrée sur le terrain et ne cherche pas le match nul. Il lui faut impérativement une victoire car le moral n’est pas au beau fixe : la croissance de ses produits est minime, divers systèmes juridiques lui mettent des bâtons dans les roues, et son CEO et fondateur est focalisé sur une idée qui semble effrayer autant les employés que les partenaires. Avec le lancement de Threads, le géant américain espère non seulement améliorer sa situation financière mais aussi redorer un peu son blason. Pari réussi ?
Des résultats à prendre avec des pincettes
À première vue, les résultats ne sont pas probants. Si Meta a su utiliser la popularité de ses services pour attirer de nombreux utilisateurs (100 millions en moins d’un mois, ce n’est quand-même pas rien), l’entreprise rencontre d’immenses problèmes pour les garder. C’est un phénomène bien connu des professionnels du marketing, l’acquisition d’utilisateurs n’est que la première partie; la rétention est une toute autre paire de manches. Est-ce que l’argent dépensé dans l’acquisition est compensé par les revenus obtenus grâce à la rétention ? Difficile à dire.
Quoi qu’il en soit, c’est un problème pour Meta. La question sur toutes les lèvres est la suivante : pourquoi les utilisateurs ne restent-ils pas ? Il y en sans aucun doute différents cas de figure. Certains étaient simplement curieux et voulaient découvrir le nouveau produit, mais pas forcément l’utiliser sur le long terme. D’autres cherchaient une alternative à Twitter et ne l’ont pas trouvé, Threads ne permettant pas de faire tout ce qui est possible sur Twitter (découvrir l’actualité en temps réel, suivi de hashtags, etc). D’autres encore sont tout simplement déçus par le manque de fonctionnalités, problème que Meta tente de corriger mais le mal est fait.
Ce dernier point peut être comparé à l’industrie des jeux vidéo AAA pour lesquels le respect du cahier des charges est plus important que la qualité du produit. Ainsi, afin de pouvoir maintenir des deadlines, nous voyons chez certains éditeurs / franchises des jeux publiés avec énormément de bugs (et un prix particulièrement élevé), qui se retrouvent ensuite patchés.
La situation est quelque peu similaire avec Threads. La direction a décidé de lancer un produit non fini afin de profiter au mieux des difficultés de Twitter, puis d’améliorer le produit par la suite. Une stratégie qui a du sens, mais qui est assez osée.
Un départ avec une balle inévitable dans le pied
Dans cette même logique de rapidité, Meta a décidé de se priver du marché européen au lancement. Difficile de le blâmer sur ce point, dans une perspective juridique la seule certitude est que le temps nécessaire sera particulièrement long. Cette idée étant inconcevable pour Meta qui veut un lancement anticipé, l’entreprise devra donc se passer du deuxième plus gros marché en termes de potentiel d’achat. Aie.
En réalité, le plus gros problème de Threads est peut-être sa communication. En se présentant comme une alternative à Twitter mais sans en présenter des fonctionnalités similaires, le message semble assez trompeur. Certes, les utilisateurs peuvent poster des messages courts au format texte, mais Twitter représente quand-même plus que ça. Certes, Elon Ier met le feu à la poudrière avec chacune de ses décisions et on ne peut pas dire que l’avenir va améliorer les choses, mais il faut malgré tout reconnaître que Twitter a certaines fonctionnalités uniques. Toute application qui se présente comme une alternative et qui n’a pas ces mêmes fonctionnalités ne joue tout simplement pas dans la même ligue.
Conclusion
En bref, Threads a ses avantages et ses inconvénients, mais dans le monde du numérique ce sont toujours les utilisateurs qui ont le dernier mot. À chacun de se faire son opinion et de choisir d’utiliser le service ou non.