Le pari des droits TV du foot est-il perdu ? On attendait un milliard d’euros. Le Président de la LFP (Ligue de Football Professionnel) l’avait crânement annoncé en 2023 : il visait l’objectif du milliard pour les droits TV du foot professionnel pour la période 2024-2029. Contesté dans le milieu, notamment celui des Présidents de clubs pour son accord avec le fonds CVC (1,5 millards investis en échange de 13% des revenus (à vie…) de la Ligue), Vincent Labrune joue sa réputation dans cette affaire. A ce jour, le milliard attendu semble s’éloigner définitivement. Et, à quelques mois du début de la saison, on ne sait toujours pas qui diffusera les matchs. Mais aujourd’hui la diplomatie s’en mêle pour trouver une solution
Un appel d’offres (très) infructueux
Les lots proposés par la LFP n’ont pas trouvé preneur à l’automne 2023. Trop cher, ont dit les acteurs du secteur. Et Canal+, pourtant acteur historique du football mais en froid avec la LFP depuis la dernière attribution, a même décidé de ne pas participer à cet appel d’offres. Après ce premier fiasco, s’est ouvert alors une période de négociations de gré à gré. Ce qui permet une relative discrétion des palabres.
Des acteurs prudents dans un championnat dévalorisé
Amazon et DAZN sont entrés sur le terrain… avant de regagner le banc de touche. Pourquoi mettre autant d’argent pour une compétition française dont l’attractivité baisse. Malgré de nombreuses tentatives, le PSG n’a toujours pas trouvé le Graal européen. L’OM ne brille plus de ses feux d’antan. Et comble de malheur, la star française Kylian Mbappé va s’envoler vers d’autres cieux pour étoffer son palmarès. Certes, Brest va jouer la Ligue des Champions… mais ce ne sera pas suffisant pour revaloriser un championnat poussif. Dans ce contexte, le recours au Qatar (BeIN) semble toujours la dernière solution possible quand on a besoin d’argent.
La diplomatie s’en mêle
Pour éviter que le pari du milliard pour les droits TV du foot ne soit totalement perdu, il semble que le dossier soit remonté jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat, c’est-à-dire l’Elysée. Le Président de la République s’en est donc mêlé avec l’espoir de trouver une solution. Et dans ces cas-là, quel que soit le Président en place, le recours est toujours adressé au… Qatar. Le petit Etat gazier, qui a fait du soft power un de ses axes majeurs de rayonnement, dispose de capacités de financement hors normes. Sans qu’on sache toujours très bien ce qu’il demande en échange. Le journal l’Equipe a évoqué des diners à Elysée réunissant les autorités quataries et Vincent Labrune. On aurait trouvé un accord pour que BeIN intervienne.
Une solution à 700 millions ?
On a d’abord parlé de 900 millions puis de 700. Dans tous les cas la solution BeIN permettrait à la LFP de sauver (un peu) la face. Si les informations qui circulent sont confirmées, BeIN pourrait valoriser les droits TV à 700 millions (ou plus) d’euros. Il reste encore un point important à régler cependant. En tant que distributeur de BeIN, Canal+ pourrait diffuser un ou deux matchs de Ligue 1 mais cette rétrocession doit encore faire l’objet d’un accord entre les parties.
A suivre
L’épilogue de ce feuilleton semble proche. Quel que soit l’accord final, qui ne devrait plus tarder, deux enseignements peuvent être tirés. D’abord, le président de la LFP a sans doute eu les yeux plus gros que le ventre dans un dossier où il joue une partie de sa crédibilité. Ensuite, la généralisation du recours au Qatar pour toutes sortes de dossiers suscite de plus en plus d’interrogations.