La fibre en 2024 : peut mieux faire !

L’Arcep vient de publier les résultats de son suivi du marché des services fixes à haut et très haut débit à fin juin 2024. Au second trimestre 2024, le rythme de progression du nombre d’abonnements en fibre optique s’établit à + 700 000. Il reste encore légèrement supérieur à celui des déploiements : + 655 000 locaux raccordables. Mais quelle que soit la manière dont on présente les chiffres, le déploiement ralentit. Les 655 000 locaux supplémentaires traduisent une baisse de 25 % par rapport au second trimestre de l’année passée. Si l’on devait porter une appréciation scolaire ce serait surement : La fibre en 2024: peut mieux faire !

Le déploiement en chiffres

Au 30 juin 2024, la couverture en fibre optique atteint 89 %. Parmi les 44,4 millions de locaux recensés par les opérateurs sur le territoire national, 39,3 millions sont raccordables à la fibre optique. 5,1 millions restent encore à traiter, ce qui n’est pas mince.

. Pendant le second trimestre de 2024, 655 000 locaux supplémentaires ont été rendus raccordables au FttH (Fibre jusqu’au domicile) soit… 25 % de moins que lors du deuxième trimestre de l’année dernière.

. Dans les zones moins denses, 420 000 locaux ont été rendus raccordables par les Réseaux d’Initiative Publique. Il reste encore 2,9 millions de locaux à traiter.

. 130 000 locaux ont été rendus raccordables dans les zones moins denses d’initiative privée. Il reste encore 1,5 million de locaux à équiper.

. Pour les territoires concernés par des « AMEL » (appels à manifestation d’engagements locaux), 65 000 locaux ont été rendus raccordables. Dans ces secteurs, 300 000 locaux restent à traiter.

. 40 000 locaux ont été rendus raccordables dans les zones très denses. Il en reste encore 500 000 à traiter.

Au 30 juin 2024, 40,8 millions de locaux (soit 92 % des locaux recensés) sont couverts par des services à très haut débit sur réseaux filaires (fibre optique, VDSL2, câble).

L’objectif du 100% fibre en 2025 : encore un effort !

L’Arcep joue le rôle du gendarme pour les opérateurs en publiant son suivi régulier de l’avancement du déploiement. Malgré une incitation forte, en l’état actuel de la situation, il reste encore plus de 5 millions de locaux à rendre raccordables. Dans ces conditions, l’objectif d’une France totalement fibrée en 2025 semble un voeu pieux.

L’objectif sera d’autant plus difficile à tenir que les derniers raccordements sont les plus diifficiles pour cause de travaux sur le domaine public ou chez les particuliers. L’Arcep évoque des raccordements dix fois plus chers que dans la procédure classique.

Les ruraux toujours mal-aimés.

Près de 5 millions de français résidant dans les zones les moins denses restent à relier à la fibre tant attendue. En revanche dans les zones très denses, il ne reste plus que 500 000 locaux à traiter. Cet écart révèle l’inégalité de service offert aux habitants. Et ce n’est pas le seul domaine…

Raccordables mais pas forcément raccordés

La fibre fait l’objet de beaux discours, mais la réalité est plus triviale. Branchements/débranchements, rendez-vous fantaisistes (reportés, annulés), compétence des « techniciens » de la pose pour le moins aléatoire… Les problèmes constatés s’accumulent et le consommateur n’a pas de recours. Il faut parfois plus de 6 mois pour obtenir le branchement, et sans être sûr de la qualité du travail effectué.

Un ancien ministre chargé du numérique, Jean-Noël Barrot, avait souhaité la création d’un « droit au très haut débit ». Un sénateur avait même proposé un dispositif d’indemnisation pour les raccordements défectueux. Pas de nouvelles à ce jour…

Ne pas décevoir

Les français plébiscitent la fibre puisqu’ils représentent aujourd’hui les 3/4 des abonnés Internet. Et la perspective de fermeture du réseau ADSL (le bon vieux fil de cuivre) renforce la demande. L’Arcep multiplie les mises en demeure aux opérateurs, mais il y a encore un effort à faire pour améliorer l’appréciation : La fibre en 2024 : peut mieux faire !