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La belle hypocrisie des français

par Paul Metraux
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Dans le cadre du dispositif « conditions de vie et aspirations », le CREDOC vient de présenter la synthèse des réponses des français aux questions proposées par l’ADEME. Comme d’habitude le travail du CREDOC est sérieux, documenté et rigoureux. Comme toujours, les experts du CREDOC sont mesurés dans leur synthèse en indiquant que les « préoccupations des français à l’égard de l’environnement demeurent fortes et que les enjeux liés à cette thématique s’installent durablement dans l’opinion publique ».

Les français veulent des investissements massifs pour lutter contre le réchauffement climatique. Ils souhaitent l’encadrement des comportements individuels de consommation et veulent être impliqués dans les décisions. Ils ont compris que l’énergie nucléaire avait beaucoup d’avantages. Mais… Car il y a un mais et de taille, les français n’aiment pas l’impôt et veulent en payer moins. Cette petite contradiction entre les nécessités de l’environnement et celles du porte-monnaie est révélatrice. Elle montre en tout cas que les français savent faire preuve d’une belle hypocrisie.

Une vraie préoccupation environnementale

Malgré un contexte d’inflation diffcile, les français restent préoccupés par les questions environnementales. Après la sécurité, quand même. Mais devant le chômage ou la pauvreté. Les inquiétudes sont classiques : réchauffement, catastrophes naturelles, épuisement des ressources, risques sanitaires, crises alimentaires …

Sujets de préoccupations des français

Une demande d’investissements massifs

Les français souhaitent que les pouvoirs publics engagent des moyens massifs contre le réchauffement climatique. Ils demandent un effort du même ordre que celui consenti pour amortir la crise du COVID. Ils considèrent que la puissance publique doit intervenir et assurer un rôle moteur. L’épisode de la pandémie a permis de démontrer que les Etats restaient des acteurs majeurs.

Demande d'investissements pour la lutte climatique

Une demande de vertu

Les francais sont des citoyens « remarquables » et aspirent à une société qui soutienne uniquement les activités économiques vertueuses pour l’environnement. La croissance devient un concept relevant du péché. Ils restent néanmoins attachés à leurs modes de vie. Ce qui explique l’image positive de l’énergie nucléaire qui permet de garantir la sécurité des approvisionnements. 60% des français considèrent que le mix énergétique dominé par le nucléaire présente plus d’avantages que d’inconvénients.

Modèle de société pour lutter contre le réchauffement climatique

La vertu, mais sans fiscalité

Cette formidable aspiration à la vertu trouve ses limites dans un consentement à l’impôt qui recule. il faut des politiques publiques fortes mais… avec un minimum d’impôts. Chacun s’estime perdant dans la redistribution socio-fiscale. En fait, la vertu est réclamée… pour les autres. Le mantra « taxer les riches » est installé et celui de « il faut faire payer tout le monde » progresse. En clair « je ne veux pas payer plus mais tous les autres doivent faire un effort ». Sous-titre : « les riches doivent payer, les pauvres aussi mais… pas moi ».  Le seul domaine pour lequel les français veulent bien payer un peu plus, c’est pour la santé. La belle hypocrisie ! « les pouvoirs publics doivent sauver la planète mais je ne souhaite payer plus que pour ma santé individuelle ».

Souhaits des français pour la fiscalité

La taxe carbone, non merci

Dans le contexte de forte d’augmentation des prix de l’énergie, l’éventualité d’une taxe carbone rencontre de moins en moins d’adhésion. Les français ne sont plus que 13% à la soutenir. Tou juste un français sur 10. Le syndrome gilets jaunes n’a pas disparu…

avis des français sur la mise en place d'une taxe carbone

La belle hypocrisie des français

Cette enquête du CREDOC  est révélatrice. La transition écologique est un thème omniprésent chez les décideurs publics, dans les médias, dans les milieux militants… Pour la masse des français, la conscientisation a certes fait de gros progrès. Mais s’agissant des moyens concrets à mettre en oeuvre, les français semblent encore assez loin des nécessités du moment. Ils veulent assurer un avenir à leurs enfants, dans un environnement préservé. Mais ils semblent encore peu enclins à la solidarité fiscale. Pourtant, sans moyens conséquents l’action publique restera sans effet. 

Epilogue

A défaut de réconcilier les français avec l’impôt, on pourra lire avec intérêt les enquêtes du CREDOC. Elles renseignent très utilement sur l’évolution des modes de vie et les aspirations des français.

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