L’Observatoire de l’Infobésité et de la Collaboration Numérique (OICN) vient de publier une intéressante étude sur ladite infobésité numérique. Autrement dit, la surcharge informationnelle que vivent les salariés au quotidien. En ces temps d’hyper-disponibilité et d’hyper-réactivité, l’outil numérique, qui devait être un gage d’autonomie renforcée, devient-il une « laisse électronique » ? L’hyper-connexion des salariés, renforcée aujourd’hui par le home office, ça va jusqu’où ?
Le trop plein d’informations
L’étude de l’OICN a été réalisée par Mailoop auprès d’un échantillon de 9 000 personnes et à partir de 58 millions de métadonnées d’emails et 1,7 millions de métadonnées de réunions. Elle révèle que les salariés reçoivent en moyenne 144 mails par semaine, chiffre qui monte avec le rang hiérarchique dans l’entreprise ou l’organisation : 194 pour les managers, 331 pour les dirigeants. Pour gérer tout ça, il faut environ 30 % du temps.
Portrait-robot d’un email
Le tableau de l’OICN met en lumière quelques éléments intéressants. Seulement 16% des emails reçus reçoivent une réponse et 25 % sont la résultante de la terrible fonction « répondre à tous » génératrice autant d’inefficacité que de malentendus. Quant à la saisonnalité des emails, il semble que l’hiver soit propice à l’augmentation (20% de plus).
L’exposition à l’hyper-connexion
En guise de réponse à la question » l’hyper-connexion des salariés, ça va jusqu’où ? », La loi de 2017 a instauré le droit à la déconnexion pour les salariés. Malgré cela, les choses bougent peu. Les entreprises adoptent des chartes en tous genres mais sans effets réels mesurés. Une charte est souvent un moyen, dans les entreprises comme dans l’action publique, de faire semblant de s’attaquer à un problème.
L’isolement numérique
Avec l’accélération de l’utilisation des outils digitaux et le développement du télétravail, l’essentiel des échanges interpersonnels sont déplacés vers les canaux numériques. En étudiant la taille des réseaux de communication, on peut facilement identifier les populations sur-sollicitées ainsi que les collaborateurs isolés.
Un petit problème de concentration
L’augmentation des volumes de données échangées croisée avec l’accélération des flux génère une sur- sollicitation quasi continue. Aujourd’hui, 70% des collaborateurs interrompent leur tâche quand surgit une notification. Sachant qu’il faut au moins 30 min sans interruption pour que le cerveau soit au maximum de ses capacités, les temps de travail intense disparaissent progressivement. Les efforts de reconcentration génèrent une fatigue cognitive toujours plus importante.
Et en fait, on répond peu aux mails
La masse d’informations entrantes est telle qu’elle aboutit finalement à diminuer les capacités de traitement. Cela génère du retard, qu’il faut ensuite rattraper. La version contemporaine de la course à l’échalote. D’après l’étude de l’OICN, 74 % des dirigeants et 67 % des managers n’arrivent pas à traiter l’ensemble de leurs emails. Pour les collaborateurs c’est encore plus de 50%.
Epilogue
Cette étude de l’OICN est passionnante et va bien au-delà des seuls emails évoqués ci-dessus. On y trouve une multitude d’informations sur les outils collaboratifs, la pratique des réunions, les impacts environnementaux. Pour obtenir le référentiel 2023 publié par L’Observatoire, il suffit de le demander sur leur site.