C’est une décision qui fait beaucoup parler le monde du SEO, et notamment des spécialistes du référencement local. En effet, la Commission européenne a récemment dévoilé le calendrier d’exécution de la nouvelle loi européenne Digital Markets Act (DMA) visant à réguler les pratiques anti-concurrentielles des géants de la technologie, notamment en matière de référencement et de recherche en ligne. Résultat, en 2024, Google ne pourra plus bénéficier de sa position dominante avec Google My Business et sera donc amené à changer l’affichage des fiches d’établissements dans les résultats. Mais cela ne signifie pas pour autant que Google sera forcé d’arrêter l’affichage Google My Business pour 2024. Simplement, il évoluera. Explications.
L’UE en guerre contre les GAFAM
Ce n’est vraiment un secret pour personne. L’Union Européenne tente de lutter contre les positions dominantes des géants de la technologie. Même si la tâche s’annonce assez délicate et si les lobbys sont nombreux à Bruxelles, la patience finit souvent par être récompensée. Dans la panoplie d’outils à la disposition de l’UE figure évidemment la loi. C’est donc avec le Digital Markets Act (DMA) ou règlement sur les marchés numériques que l’UE vise à réglementer les grandes plateformes numériques qui ont une influence significative sur le marché numérique.
L’objectif principal du règlement sur les marchés numériques est ainsi de promouvoir la concurrence équitable dans le marché numérique européen et de protéger les consommateurs contre les pratiques anti-concurrentielles. Une bien noble cause à mon avis.
En cas de non respect de ces décisions, les entreprises s’exposent évidemment à de fortes amendes et à d’autres sanctions fiscales (jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires mondial total et jusqu’à 20% en cas de récidive), ainsi qu’à des ordres de cesser et de s’abstenir.
DMA (Digital Markets Act) et Google My Business : la fin pour 2024 ?
Parmi les entreprises qui seront touchées par cette loi DMA, Google est naturellement l’une des plus importantes. Depuis le lancement de Google My Business (fiche d’établissement dans nos contrées) en 2010, suivi de sa mise en avant dans les résultats de recherche de Google depuis 2012 et la mise à jour Google Venice, l’Union Européenne a régulièrement dénoncé sa position anti-concurrentielle.
Naturellement, le DMA semble vouloir s’attaquer à ce type de pratique. Cependant, aucun détail spécifique n’est mentionné encore dans la loi à propos de Google My Business en particulier. Le règlement sur les marchés numériques reste vague dans le texte.
Concrètement, on peut simplement déduire l’impact prévu du Digital Markets Act sur Google My Business avec l’article 6.5 du DMA. Ce dernier n’est pourtant pas clair quant à la portée exacte de cette réglementation même s’il fait comprendre que My Business est dans le viseur. Cet article énonce que le contrôleur d’accès doit appliquer des conditions équitables, transparentes et non discriminatoires en matière de classement, d’indexation et d’exploration de services et produits similaires, sans favoriser ses propres services ou produits par rapport à ceux d’un tiers.
On comprend bien ainsi que le règlement sur les marchés numériques vise le fait que Google favorise considérablement les fiches d’établissement dans ses résultats de recherche, mais aussi l’utilisation de comptes Google avec une adresse email « @gmail.com » pour créer une fiche d’établissement et laisser des avis.
Quels sont les changements probables pour Google My Business (fiche d’établissement)?
Parmi les changements probables, Google devra revoir en profondeur la manière dont il affiche les entreprises dans ses résultats, voire même le fonctionnement complet de Google My Business. Certains juristes expliquent que Google devrait créer un site dédié, avec une page pour chaque établissement, qui devrait être optimisé pour le référencement et sera indexé et classé comme n’importe quel site. On peut aussi envisager que la firme de Mountain VIew puisse migrer ses fiches vers Maps uniquement.
Si c’était véritablement le cas, alors cela signifierait que Google serait forcé d’arrêter l’affichage de Google My Business dans ses résultats de recherche dès 2024. En conséquence, de nombreuses marques qui dépendent actuellement des fiches d’établissement pour leur stratégie de localisation et de référencement devront probablement revoir leur approche. Néanmoins, d’autres juristes expliquent que l’interdiction « d’auto-préférence » n’est pas claire et qu’il faudra plusieurs années et de nombreuses négociations entre Google et l’UE pour arriver à un accord. De quoi gagner du temps et continuer à privilégier Google My Business dans ses résultats.
Google est-il forcé d’arrêter l’affichage Google My Business dès 2024 ?
Alors, où se situe la vérité ? Probablement entre les deux ! Il est évident que Google devra revoir en profondeur ses pratiques et que l’âge d’or de Google My Business (tel qu’on le connait aujourd’hui) est révolu. Ce n’est pas un mal en soi car cela va permettre l’ouverture à la concurrence et permettre aussi aux entreprises de se faire connaître via d’autres canaux.
Il reste encore du temps aux entreprises pour s’adapter à ces mesures et ainsi commencer dès à présent d’autres types d’actions pour se faire voir dans les résultats de recherche. Je pense ici aux données structurées (schema markup), à la création de contenus qualitatifs et locaux ou encore à la diversification des canaux (réseaux sociaux par exemple, autres applis de cataographie etc), aux annuaires (oui, les bonnes vieilles Pages Jaunes ont encore de l’avenir). Cela fera aussi un peu de ménage dans certaines agences qui ont abusé du ‘référencement local’ et vendu à prix d’or des fiches d’établissement à des PME et TPE un peu perdus dans cette jungle de Google.
Conclusion
Comme le bon vieux dicton le dit, il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Le nouveau règlement sur les marchés numériques de l’UE vient juste le confirmer en sifflant la fin de la récréation pour certains géants de la tech et leurs pratiques anti-concurrentielles. Reste à savoir désormais dans les prochains mois les modalités d’applications du Digital Markets Act pour savoir à quoi ressemblera Google My Business en 2024.