Le mantra du moment c’est le supposé danger couru par les enfants exposés aux écrans. Un discours pédiatrique dominant fait dans la surenchère : pas d’exposition aux écrans avant deux ans, pas plus d’une heure par jour. On a même entendu Jacques Attali, d’ordinaire plus inspiré sur le sujet, affirmer que l’usage des écrans avait des effets négatifs avant… l’âge de six ans. Dans le même temps, un autre discours explique qu’il faut s’adapter à la civilisation numérique et qu’il n’y a point de salut en dehors du digital. Va comprendre, Charles !
Le danger des technologies ?
Dans les années 70 un discours similaire sur les enfants exposés aux écrans s’appliquait à la télévision. Il fallait limiter le temps des enfants devant la télévision et les arguments avancés étaient les mêmes qu’aujourd’hui : passivité, difficulté de concentration… Certaines familles allaient jusqu’à bannir totalement la télévision du foyer. Le résultat le plus souvent obtenu était de frustrer les enfants qui compensaient par une consommation compulsive… chez leurs camarades de classe.
Ce discours sur les dangers de la technologie n’est pas nouveau : au XIXè le train dangereux pour les femmes enceintes, la vitesse des voitures pour le cerveau (au-delà de 50 km/h, on ne résistera pas), le cinéma pour les yeux… Et plus tard la peur des vaccins, des OGM etc.
A ce compte-là l’invention la plus dangereuse de toute l’humanité reste évidemment le feu.
Et au-delà de la technologie, n’oublions pas les terribles dangers que fait courir la masturbation pour les oreilles de la jeunesse 🙂
Des écrans néfastes pour les enfants ?
Les enfants qui naissent aujourd’hui sont entourés d’écrans de toutes parts. Smartphones, tablettes, ordinateurs sans oublier le bon vieux téléviseur de plus en plus grand. Leurs parents ont les yeux rivés sur ces écrans une bonne partie de la journée et on voudrait en interdire l’usage aux bambins en leur expliquant que c’est dangereux. Curieuse idée.
Un enfant apprend à communiquer, à dessiner (à créer pourrait-on dire) avec ces outils bien avant d’apprendre à lire. C’est une donnée de base qu’il faut prendre en compte. La nier serait suicidaire pour la société. Un écran peut être éducatif. Il y avait autrefois des programmes de télévision scolaire.
Pourquoi les écrans seraient-ils néfastes pour les enfants alors que pour leurs parents ils seraient la béquille de la vie quotidienne ? Les écrans seraient responsables du surpoids des enfants ? Ah bon ? la surconsommation de sucre et de gras peut-être un peu aussi…
Un détail à ne pas oublier : l’éducation
Bien sûr les risques de passivité, d’isolement existent pour les enfants exposés aux écrans. L’usage inconsidéré des réseaux sociaux est évidemment une ânerie pour les enfants. Passer des heures à scroller pour enfiler des vidéos oubliées dans l’instant n’a aucun sens. Tout ça est vrai et, à cet égard, l’usage des écrans parait tout à fait inapproprié.
Mais on a oublié un détail tout bête qui s’appelle l’éducation. On peut limiter la durée d’usage des écrans mais on peut surtout faire attention à ce qu’il y a sur ces fameux écrans. Laisser un enfant manger seul devant un écran peut paraître idiot, sauf… si sur l’écran il y a quelque chose d’intelligent.
Le monde numérique est à la fois fascinant et terrifiant pour les enfants. Les parents doivent réguler les usages, ça s’appelle l’éducation et cela suppose qu’eux-mêmes soient capables de discerner ce qui est bon pour les enfants. Quand on ne peut pas s’opposer à une vague on essaie de la gérer et d’en profiter si possible
Ce raisonnement ne s’applique pas qu’aux fameux écrans qui seraient responsables de tous les maux. La question de l’usage, et donc de l’excès, est fondamentale. Le rôle des parents est d’apprendre à leurs enfants que tout ne se vaut pas (Rires et Chanson ne vaut pas France Culture). Un écran est un outil et rien d’autre. Sur son smartphone, on peut jouer pendant des heures à des jeux idiots mais on peut aussi lire, découvrir, s’instruire. Pour cela, il faut que des parents interviennent, expliquent, conseillent ; ça s’appelle éduquer un enfant. C’est compliqué mais c’est intéressant. Et la recette n’est pas d’interdire tel ou tel outil mais d’en faire comprendre l’intérêt ou l’inutilité selon les moments de l’existence.