L’annonce du président chilien Gabriel Boric concernant la « stratégie nationale du lithium » a suscité une attention particulière ce printemps. Cette initiative vise à positionner le Chili comme le principal producteur mondial de ce métal essentiel à la transition énergétique. Mais cette démarche a aussi une finalité sociale : redistribuer les bénéfices du secteur minier, en particulier du lithium, pour financer des projets sociaux. Dans la course au lithium qui s’est engagée à l’échelle planétaire, le Chili veut prendre sa place de manière originale et progressiste.
Le Chili vise la première place mondiale
Le Chili possède 36 % des réserves mondiales de lithium, situées dans la région d’Atacama. Il ambitionne de devenir le premier producteur mondial. Actuellement, le pays représente 34 % de la production mondiale, derrière l’Australie. La demande mondiale de lithium devrait être multipliée par six d’ici 2035. Principalement en raison de l’essor des véhicules électriques et des batteries pour les appareils portables.
L’explosion de la valeur du lithium et les enjeux fiscaux et environnementaux
Entre décembre 2020 et 2022, le prix du carbonate de lithium a augmenté de 680 %. Sa taxation et son exploitation sont donc des enjeux cruciaux pour les recettes fiscales et la souveraineté nationale sur les ressources naturelles. La stratégie chilienne vise à utiliser de nouvelles technologies d’extraction du lithium afin de minimiser l’impact sur les écosystèmes des zones de production (les salars). La quantité d’eau nécessaire à l’extraction du lithium dans une zone désertique et en stress hydrique constitue néanmoins un point critique. Des recherches sur ces terrains spécifiques s’engagent dès maintenant pour améliorer ce point.
Une stratégie de redistribution des bénéfices miniers
Le Président Chilien a présenté sa vision d’une « vie plus digne pour tous et toutes ». Il souhaite utiliser la richesse générée par le secteur minier, notamment le lithium. La création d’une « entreprise nationale du lithium » est envisagée pour participer à l’ensemble du cycle de production du minerai. Il n’y aura pas de nationalisation des entreprises existantes mais la mise en oeuvre de partenariats public-privé. Le projet de création de l’entreprise nationale du lithium doit être approuvé par le Congrès, où le parti de Gabriel Boric n’est pas majoritaire. Une proposition de loi est prévue pour la fin de l’année 2023. En attendant, l’entreprise publique du cuivre Codelco doit établir des partenariats avec les entreprises privées pour lancer la participation de l’État dans l’extraction du lithium.
Les français dans la course
Dans cette course au lithium, Les français ne sont pas en reste. La France dispose de gisements importants (40 possibles d’après les études). C’est un atout considérable à condition de pouvoir exploiter à un cout raisonnable pour concurrencer la Chine. Le lithium est le nerf de la guerre de la transition énergétique, notamment pour alimenter les giga factories de batteries comme celle qui vient d’être annoncée par Emmanuel Macron à Dunkerque. La France souhaite donc s’associer au Chili pour réduire la dépendance à la Chine. C’est le sens du message d’Olivier Becht, ministre du commerce extérieur délivré lors d’un voyage officiel au Chili en juin. A suivre…