En à peine deux ans, Nothing a réussi à devenir l’un des constructeurs les plus intéressants sur le marché des smartphones (et de la tech en général). La tâche n’avait rien de facile et peu de personnes pouvaient prédire un tel succès aux équipes de Carl Pei, tant le marché est saturé et difficile. Aujourd’hui, force est de constater que le constructeur prend de plus en plus de confiance et s’apprête à ressembler de moins en moins à la start-up qui voulait bousculer les ténors mais davantage aux fabricants classiques comme Samsung, Motorola ou Google.
Lorsque Carl Pei a quitté OnePlus après une série de succès, cela en a surpris plus d’un. Mais lorsqu’il a créé Nothing, tout est devenu clair. A l’époque, son ambition était simple : faire de nouveau bouger le marché et rompre avec les pratiques de Oppo et de son emprise sur OnePlus. OnePlus voulait démocratiser les smartphones haut de gamme, proposer des appareils performants et élégants à de petits prix, vendre uniquement en ligne en court-circuitant les canaux de distribution traditionnels. Nothing a voulu reprendre le flambeau tout simplement.
Bref, le jeune entrepreneur voulait encore renverser un système qu’il connait bien. Une ambition révolutionnaire qui se retrouvait dans son nom « Nothing” (“rien”).
Après 2 ans d’existence, la fougue de la jeunesse semble se dissiper et la maturité arrive. La marque évolue (et c’est tant mieux) et les différences entre Nothing et ses concurrents vont se faire de plus en plus minces. Devenu désormais un acteur du marché, Nothing n’a plus beaucoup de temps pour devenir le jeune trublion qu’il veut être et s’apprête à ressembler désormais beaucoup à Samsung, Apple et consorts.
Une maturité qui offre quelques avantages…
Sur certains aspects, cette maturité n’est pas mauvaise. Nothing va pouvoir étendre petit à petit ses réseaux de distribution, augmenter ses marges et sa production. La course aux invitations tentée pour le Nothing Phone (1) ne sera certainement pas reconduite. Nothing a ainsi grandi et peut maintenant mieux anticiper la demande.
La marque a également fait des efforts en matière de service après vente. Si au départ, les retours n’étaient pas très bons dans la communauté, Nothing est sur la voie de l’amélioration. Le fabricant a ouvert progressivement des lignes téléphoniques pour écouter les requêtes des utilisateurs.
… mais aussi des inconvénients
Mais voilà, l’embourgeoisement de Nothing va malheureusement engendrer quelques défauts, au premier rang desquels on peut s’attendre à une hausse des prix. Nothing s’inscrit ainsi totalement dans la lignée des autres fabricants avec des tarifs plus élevés, mais aussi pour s’assurer une rentabilité. Carl Pei l’a parfaitement expliqué dans une video sur la chaîne YouTube de la marque lorsqu’il a comparé son premier smartphone au dernier iPhone 14 Pro Max.
Le premier smartphone lancé par le constructeur, le Nothing Phone (1) coûtait seulement 469 euros dans sa version 128 Go et 499 euros dans sa version 256 Go. Année après année, les prix risquent de subir une hausse non négligeable, comme OnePlus l’avait fait en son temps.
Reste à voir également comme Nothing va gérer le suivi des mises à jour Android et le suivi des mises à jour de sécurité. Le constructeur devra apprendre à gérer plusieurs appareils et adapter les nouvelles versions d’Android pour ses utilisateurs.
Au final, tous les changements de Nothing n’ont rien d’étonnant. Ils correspondent à des choix logiques pour une société dans le secteur de la téléphonie mobile dont les ambitions grandissent. Carl Pei a souhaité révolutionner le marché des smartphones haut de gamme, et pour continuer à grandir, il devra faire quelques compromis, voire renier certains de ses principes. Nothing grandit tout simplement, à l’image d’un adolescent qui entre peu à peu dans l’âge adulte.