Vincent Labrune, le président de la LFP (Ligue de Football Professionnel) l’a annoncé clairement. Il vise le milliard d’euros pour les droits TV du football professionnel 2024-2029. L’homme est ambitieux et joue sa réputation auprès des présidents de clubs qui ont besoin du reversement de cette manne financière pour assumer des masses salariales de plus en plus élevées. Le lancement de l’appel d’offres qui vient d’avoir lieu affiche deux lots à prendre pour 800 millions. Le pari du milliard pour les droits TV du foot 2024-2029 pourrait être gagné en ajoutant les 200 millions supplémentaires attendus pour la vente des mêmes droits à l’international.
Oublier Médiapro
La LFP veut faire oublier le triste épisode de l’attribution des droits des saisons précédentes au groupe espagnol Mediapro. Celui-ci s’est révélé incapable d’honorer ses engagements et les droits ont été réattribués précipitamment dans un contexte juridique inédit et pour le moins… confus. Après la défection de Mediapro, Amazon a pointé son nez et récupéré l’essentiel des droits pour 250 millions €, soit 7 matchs par journée de championnat. Canal+ a récupéré deux matchs par journée pour…335 millions €. L’écart s’explique (plus ou moins) par un refus d’accord avec Amazon, une histoire de sous-licence avec BeIN et surtout une stratégie commerciale ambigüe et ratée. Le Président de la LFP veut désormais donner une image de sérieux et… d’ambition.
Car même avec le milliard espéré, la France sera encore loin des droits TV Anglais (3,5 milliards) Espagnols (2 milliards), Allemands (1,4 milliards) ou Italiens (1,1 milliards). Cet écart s’illustre aujourd’hui simplement : à part Mbappé, la plupart des grands joueurs français jouent dans des clubs étrangers, ceux qui offrent les plus gros salaires. Les délires du PSG compensent plus ou moins cet écart mais les faits sont têtus : le championnat français est globalement faible et peu attractif.
Les principes de l’appel d’offres 2024-2029
Par rapport aux saisons précédentes, une simplification a été opérée dans l’appel d’offres.
. Il y a seulement deux lots, contre sept précédemment. L’appel d’offres porte sur 5 saisons au lieu de 4.
. Le premier lot dénommé « Le meilleur de la Ligue 1 » comprend les deux plus belles affiches de chaque journée en direct et en exclusivité, un troisième match en co-diffusion et les extraits en quasi-direct aujourd’hui détenus par Free.
. Le deuxième lot se compose des matchs restants en direct, d’un match en co-diffusion et des deux plus belle affiches en différé.
. S’ajoutent trois lots « Magazines » en semaine et le week-end.
Pour la Ligue 2, il y aura également deux lots. Le premier avec les deux plus belles affiches de la journée. Le second avec les matchs restants.
La procédure
Les enchères sont ascendantes avec une mise à prix et des paliers d’enchérissement propres à chaque lot. L’attribution se fait de façon définitive au mieux-disant. Ces enchères sont dites « séquentielles », c’est-à-dire que les lots sont attribués les uns après les autres. Le lot 1 est proposé en premier. Une fois l’acquéreur désigné les enchères du lot 2 commenceront.
Le déroulé des enchères
La LFP a pris les dispositions nécessaires pour évaluer la qualité des offres. Le souvenir de l’attribution inattendue à Médiapro a laissé des traces et entaché la réputation de la Ligue. Cette fois-ci les garanties financières seront examinées de près. Tout du moins, espérons-le… car le le foot ne fait pas toujours bon ménage avec la rationalité économique.
Qui seront les candidats intéressés ?
Sur ce point, c’est encore un mystère. Amazon avait récupéré les droits dans des circonstances particulières lui permettant un investissement limité. Que fera l’entreprise américaine pour l’avenir ? Nul ne le sait. Les audiences actuelles ne sont pas connues et personne ne sait si Amazon est simplement « venu faire un tour pour voir » ou au contraire pour investir sur le long terme. Canal+, diffuseur historique du foot, se fait désirer mais il est probable qu’il se positionne. Les anglais de DAZN, déjà en partenariat avec Canal+, sont le nouvel acteur du jeu. Il ne faut pas non plus oublier beIN qui a d’ores et déjà indiqué qu’il serait… raisonnable.
En fonction du déroulé des enchères, des accords de sous-licence sont possibles mais ils sont désormais contraints par des règles assez strictes : pas plus de deux diffuseurs payants en tout, diffusant les matchs français. En clair, on ne peut pas avoir Amazon sur un lot et deux autres diffuseurs payants qui se partageraient l’autre lot.
Le pari osé de la LFP
Le contexte économique international n’est pas vraiment à la dépense. En Europe, l’appel d’offres italien est pour l’instant infructueux. Il y a une légère baisse des droits allemands et les Anglais ont préféré simplement reconduire les contrats existants. La LFP joue gros en affichant des ambitions aussi fortes. Si les lots ne trouvent pas preneur, la LFP devrait alors négocier de gré à gré. Ce serait une autre paire de manches. Et le pari du milliard pour les droits TV du foot pourrait se révéler hasardeux.
A suivre….
Le pari du milliard pour les droits TV du foot sera-t-il gagnant ? Quel que soit le résultat de l’appel d’offres, le consommateur reste dans l’expectative. Il faudra continuer à avoir plusieurs abonnements si on est vraiment fan de foot et qu’on veut voir tous les matchs. Si on se contente des têtes d’affiches, la situation sera un peu plus simple qu’avant.